1799 |
1799-03
André Marie Constant DumérilVendredi 12 avril 1799, 23 germinal an VII
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)
n° 113
Paris le 23 germinal an VII
Maman,
Vous me querellez et vous avez raison. Mon silence est coupable mais vous en êtes la cause innocente. puisque je vous mandais par ma dernière, ce me semble, que j'attendais votre réponse si vous vouliez en faire une à Auguste1. J'ai attendu, il est vrai trop longtemps et trop inutilement. Vous savez sans doute maintenant qu'il est nommé économe de l'hôpital n°2 à Rome. qu'il a été quelque temps à court d'argent. que Duméril2 lui en a fait procurer et qu'il est maintenant fort content.
Je vais maintenant vous apprendre une nouvelle qui va vous donner de l'impatience autant que l'issue peut m'en donner à moi-même. Ecoutez. Il existe à l'Ecole de Médecine de Paris une place de chef des travaux anatomiques dont l'objet est de faire des recherches délicates et les plus difficiles sur la structure du corps humain. Cette place est honorable et surtout très lucrative, elle vaut cinq mille francs. La personne qui l'occupait vient de mourir3. On m'a proposé cette place d'abord, d'après différents motifs qu'il serait trop long de vous expliquer ici. Je l'avais presque refusée. Cependant j'ai été présenté et l'Ecole doit juger entre trois concurrents. La décision ne sera probablement prise que le 9 germinal. Le logement est magnifique et les moyens d'étude faciles et agréables : je vous ferai part de mes espérances selon ce qui ce sera passé à l'assemblée des professeurs du 29 courant à laquelle nous devons être présentés par une commission nommée à cet effet. Si la justice est juste j'ai plus de droit que les deux autres. L'un est un de mes amis prosecteur comme moi ayant à peu près les mêmes droits mais plus jeune de trois ans4. L'autre est le fils d'un Médecin de Paris qui n'a d'autres droits que ceux d'une intrigue que nous faisons en sorte de déjouer en demandant un concours.
Je suis toujours très occupé. Je viens de finir un cours d'anatomie. Demain j'en commence un d'accouchement. Vous savez en outre que je publie les leçons du citoyen Cuvier. Le premier volume est achevé d'imprimer, on travaille au second5.
J'ai deux occasions pour faire passer à Papa6 et à Désarbret7 des livres que j'ai pour eux. L'une par M. Sévelle fils. l'autre par M. Arthur. Vous recevrez en même temps des lettres.
J'embrasse toute la famille
C. Duméril
Annexes
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p. 61-63)
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