1865 |

1865-43

Eugénie Desnoyers (épouse Mertzdorff)

Lundi 25 septembre 1865

Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (chez son frère à Ancy-le-Franc) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)

Lundi 25 septembre 1865

Lundi 25 septembre 1865

Ancy-le-Franc

25 7bre 65

Mardi 5h 1/4

Ma chère petite Gla,

Nous avons voyagé avec la promptitude que tu connais nous arrêtant à peine pour dormir et manger, tristes nécessités de la vie auxquelles il faut se soumettre, même en voyage ! aussi tu comprends que je n’ai pas pu te récrire.

Depuis ce matin 5 h 1/4 je suis à Ancy avec papa maman et Julien1 ; Charles2 nous a quittés hier à 5 h pour prendre la diligence (digne du coche de La Fontaine) pour se rendre à quelques heures de Lyon où il avait à faire. Je crains qu’il ne revienne bien fatigué. je l’attends Jeudi matin et Samedi soir au plus tard nous rentrons à la maison3. Alfred4 va bien, il nous a reçus comme toujours à bras ouverts, je suis toute contente de me retrouver chez lui, nous avons déjà bien parlé de toi et de la petite visite que tu lui as faite il y a quelques mois. Il nous a tous parfaitement installés et nous allons passer encore quelques bonnes journées en famille. Il me semble que je suis plus près de toi et je pense si souvent à toi que Julien te dira combien de fois je l’ai appelé Julien Aglaé ; c’est que c’est mon conseiller en fait de toilette, moi je n’y connais plus rien et j’ai bien besoin que tu soignes pour moi le côté élégance car je deviendrais par trop provinciale.

Nous venons de faire un charmant petit voyage, le programme que je t’ai donné5 a été exactement suivi. Le lac de Neuchâtel est très joli, Lyon est une ville <curieuse>, mais ce qui nous a plu le plus à tous, c’est Villeneuve6, l’hôtel Byron a toutes nos sympathies. Je ne sais s’il ne se joignait pas aux beautés réelles de ce lieu enchanteur le souvenir que vous aviez été là et que vous en aviez emporté un si bon souvenir.

Nous avons fait 3 promenades en barque Charles ramant, ça a beaucoup amusé Julien, mais mon rêve c’est une petite partie de ce genre avec toi et Alphonse7.

Malgré les résolutions de Julien l’ascension du <Sonchaux8> est encore à faire.

Le retour à Genève par le bateau à vapeur a été charmant, tout le monde a été <content> de ce petit voyage, hier nous avons visité Lyon en poste, c’est une grande ville à l’instar de Paris ; beaux monuments, mais je m’arrête, maman vient me dire que papa t’écrit, je m’en rapporte bien à lui pour te donner toutes les descriptions possibles. Je vais aller trouver Alfred pour faire un petit tour avec lui.

Maman est bien, je suis bien heureuse de la voir aussi forte. Pauvre mère dans quelques jours je ne la verrai plus, c’est toujours triste les séparations.

Mes petites filles9 ont été on ne peut plus sages en nous voyant partir. Elles s’étaient réveillées à 5 h pour m’embrasser encore. Mimi m’a écrit, elles vont bien.

C’est la première fois que Charles me quitte plus de 12 h. Me voilà sans mari, ni enfants, les retrouver sera la compensation en quittant mes chers parents.

Adieu, ma petite Gla, je t’embrasse beaucoup fort et serre la main d’Alphonse

ton Eug.M.

Ecris-moi demain ici que j’aie encore une lettre de toi.

Julien a été très gai en voyage.

Notes

1 Jules Desnoyers, son épouse Jeanne Target et leur fils.
2 Charles Mertzdorff, époux d’Eugénie Desnoyers.
4 Alfred Desnoyers, frère aîné d’Eugénie et Aglaé.
5 Voir la lettre du 17 septembre.
6 Voir les lettres du 23 septembre.
7 Alphonse Milne-Edwards, époux d’Aglaé Desnoyers.
8 Possiblement Sonchaux, col au-dessus de Montreux et Villeneuve.
9 Marie (Mimi) et Emilie Mertzdorff.

Notice bibliographique

D’après l’original


Pour citer ce document

Eugénie Desnoyers (épouse Mertzdorff), «Lundi 25 septembre 1865», correspondancefamiliale [En ligne], Correspondance familiale, 1860-1869, 1865,mis à jour le : 24/01/2013

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
EHESS
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