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1869-37
Eugénie Desnoyers (épouse Mertzdorff)Jeudi 16 septembre et dimanche 24 octobre 1869
Lettre d’Eugénie Desnoyers (épouse de Charles Mertzdorff) (Vieux-Thann) à Victorine Duvergier de Hauranne (épouse de Paul Louis Target) (Herry dans le Cher)
16 Septembre 69
Ma chère Victorine,
Voici bien des fois que je veux prendre la plume pour vous écrire ainsi qu'à ma tante1 et j'en suis toujours empêchée, mais ce soir je laisse mon bon entourage pour me rapprocher de vous, et vous assurer, ainsi que votre mari2, que nous sommes bien sensibles aux marques d'affection que vos bonnes lettres nous ont apportées et que de notre côté nous vous conservons toute notre sympathie. Le triste accident qui est venu troubler le plaisir que nous avions à vous posséder n'a pas eu heureusement de suite fâcheuse et comme vous le dites fort bien, il a fait de nous tous de vieux amis dont l'affection a partagé des heures d'inquiétudes qui ne s'oublieront pas.
Dimanche 24 Octobre
Je retrouve ce commencement de lettre dans mon buvard et toute honteuse, ma chère Victorine, de n'avoir pas repris la plume depuis si longtemps, je ne sais quelles excuses donner à mon silence ? La seule véritable est que mon temps était tellement pris par la présence des parents et amis qui se sont succédés chez nous après votre départ et qu'en y ajoutant la direction du ménage, des vendanges, puis les fruits, les lessives & il ne me restait plus une petite minute pour venir vous dire : Nous pensons bien à vous ; nous sommes bien heureux de savoir votre cher mari bien portant ; la visite de vos enfants3 nous a été bien agréable et nous avons été enchantés de faire la connaissance de M. Festugière ; nous aimerions encore avoir de vos nouvelles &&& Et cependant tout cela nous le pensions et le pensons encore, aussi chère Amie, ne m'en voulez pas de mon long silence et écrivez-moi. Dites-moi ce que nous devenez ? où vous êtes et quels sont vos projets, vous m'avez causé assez intimement pour que tout m'intéresse et que souvent je pense à vous.
Mes parents4 nous ont quittés la semaine dernière, nous laissant Julien5 jusqu'au 1er Novembre. Aglaé et Alphonse6 sont rentrés à Paris pour le 4 Octobre ; Papa nous a fait un magnifique rocher au-dessus du bassin que vous avez vu au jardin, grotte, arcade, bassins successifs en tout 7 cascades. C'est un charmant souvenir qu'il nous a laissé ; vous viendrez voir cela.
Vous devez être à Herry7 et peut-être encore en compagnie de Cécile qui devait donner un mois aux grands-mères8 et dont < > toutes mes amitiés
J'espère que le petit baby9 va bien et qu'à notre premier voyage à Paris nous nous trouverons en même temps que lui et ses parents dans la grande ville. En ce moment, elle ne sait pas trop ce qu'elle veut la grande ville, en tout cas, il paraîtrait qu'elle éprouve le besoin de s'agiter... On n'a pas trouvé le mouchoir à vignette mais par contre Louis a laissé un livre de M. Cousin10 que Julien lui reportera. Bonne chance pour son examen, mais vous ne devez pas être inquiète il travaille bien et a de l'intelligence.
Les bonnes nouvelles que vous nous donnez de M. Ernest11 à la suite de la consultation nous ont fait bien plaisir. Mes petites filles12 vont bien, nous avons repris les leçons, notre école se termine, aussi ici n'est-il question que de cahiers, de bancs, de livres & en voilà pour 6 mois avec ces sortes d'occupation. Vous connaissez notre vie.
Adieu, chère Victorine, mon mari13 se joint à moi pour vous assurer ainsi que Paul14 de nos sentiments affectueux et tout dévoués.
Votre cousine affectionnée
EugénieMertzdorff
Mes respects à Mme votre mère15.
Julien me charge de vous offrir ses amitiés.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer ce document
Index
Compléments historiographiques
Cécile Dauphin
Centre de recherches historiques
EHESS
54 boulevard Raspail
F-75006 Paris