1870 |
1870-045
Eugénie Desnoyers (épouse Mertzdorff)Vendredi 5 août 1870 (A)
Lettre d’Eugénie Desnoyers (Paramé) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paramé
Vendredi matin
Bonjour, mon cher Charles, Te voici rentré dans tes domaines. Comment es-tu ? Bien fatigué, et ennuyé. Je voudrais avoir quelque chose à te conter ; mais les évènements font défaut. Bien dormir, bien manger, bien rire, un peu travaillé, voilà le sommaire de la vie des habitants de la Bella Riva. Marie1 commence à t'écrire son journal mais la pauvre enfant attendra que les pages se remplissent pour faire partir sa lettre. Le plus remarquable est un magnifique coucher de soleil qui a fait notre admiration hier soir (Voir une description de J. J. Rousseau dans les leçons de littérature). En ce moment nous allons nous mettre en fabrication de paquets et nous restons toujours à écrire. Le temps est superbe. J'avais fait le projet d'écrire à oncle Georges2 et je ne sais comment cela se fait voilà que c'est à toi, bon Ami chéri, que je m'adresse. Tu vois qu'on n'est pas toujours maître, même de sa plume.
1 h. La poste ne nous a apporté qu'une lettre de Mme Duval3 qui tout occupée des secours aux blessés va aller à Niort pour organiser la même société qu'à Versailles ; M. Duval est à Avignon, Frédéric va passer son examen de droit ; Raymond va rejoindre à Châlons le général de division dont il est nommé officier d'ordonnance.
Peut-être Aglaé4 gardera-t-elle encore Hortense5 à Paris, si Mme Lafisse6 ne peut pas la prendre.
La mer est magnifique, assez forte pour que le bain ait eu du piquant en roulant la petite jeunesse malgré la main du baigneur ; au grand regret des 3 fillettes7 elles n'ont pas pu nager.
Une délicieuse petite barque à voile se promène devant nos fenêtres, avec le soleil c'est un charmant effet.
J'aimerais à rester à causer avec toi, mais il faut que j'écrive à Elise8 dont j'ai reçu une lettre ; elle est à Fontenay vient d'avoir une angine mais va mieux, ses enfants9 vont très bien, elle ne me parle pas de de ses parents. puis même besogne pour Victorine10, Emilie11, maman12 et les idées ne sortent pas.
Je pense que tu auras eu Alfred13 au chemin de fer de l'Est et que ce n'est que demain que j'aurai de tes nouvelles.
Adieu, cher Ami, reçois mes meilleurs baisers et ceux de nos deux bonnes fillettes ; et charge-toi de nos amitiés pour les grands-parents Duméril14 et pour oncle et tante Georges15.
Encore un bon bec, écris-moi maintenant à Paris
toute à toi
Eugénie M
Si tu es un jour sans lettre ne te tourmente pas
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D’après l’original
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