1871 |
1871-047
Eugénie Desnoyers (épouse Mertzdorff)Mercredi 28 juin 1871 (B)
Lettre d’Eugénie Desnoyers (Montmorency) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
7e lettre1
Montmorency Mercredi 28 Juin
2 h
Mon cher Ami,
Ma petite Marie2 t'a écrit si vite et avec tant de plaisir une longue lettre que j'ai peu de chose à y ajouter. Mais je veux aussi, de mon côté, te répéter que nous pensons bien à toi et que jusqu'à aujourd'hui nous avons reçu 2 lettres de toi, celle partie Samedi matin3 et celle partie Dimanche que tu as eu la bonne inspiration d'adresser à Marie, et que ces deux bonnes missives nous ont fait bien plaisir, nous y avons trouvé la preuve de la tendre affection que tu as pour ton trio et qu'il te rend bien.
Le succès de l'emprunt est complet4 ; certainement que les gros bonnet y sont pour beaucoup, mais enfin cela prouve que l'argent n'est pas encore rare en France et qu'on a confiance dans son avenir. M. Foresta5 disait hier soir à papa6 qu'on a apporté beaucoup d'or, ce qui prouve que plus d'un en avait caché. Les affaires continuent à reprendre avec beaucoup d'activité à Paris ; C'est de M. Delacre qui a une maison d'exportation que nous tenons cela, il disait avoir énormément de commandes.
Tu as vu que nous avions devancé ton désir en allant voir Mme Dollfus7. Elle va passé l'été à Montmorency avec son gendre8 et sa fille qui attend un commencement de famille. Elle est tout enthousiaste de son gendre dont elle fait le plus grand cas, il est professeur au collège Charlemagne, sait 7 langues. Son fils9 après avoir servi pendant le premier siège dans l'artillerie a heureusement échappé au danger, et maintenant est à Roubaix où il a tout de suite trouvé une place.
On <a> parlé dans les journaux d'une proposition où les conseillers de préfectures seraient supprimés ! Cela n'irait pas à Edgar10. Je ne sais quel résultat il obtiendra de son voyage à Paris, mais je doute qu'il puisse obtenir une place sérieuse qui lui permet de prendre 3 ou 4 mois de vacances ? Que de gens comprennent le travail en théorie, plutôt qu'en pratique.
Notre vie ici paraît du goût de nos fillettes11 qui sont gaies, ouvertes, contentes, s'occupent gentiment de toutes choses. Maman12 jouit de les avoir, elle les trouve bien gentilles et en regardant Marie cette bonne mère m'a avoué qu'elle pensait plus d'une fois à son Julien13, chacun avait rêvé sans se le dire... Maman est étonnement bien et je te remercie bien de nous avoir amenées auprès d'elle, seulement, continue je t'en prie à nous écrire souvent jusqu'au moment où nous nous réunirons.
La journée d'hier a été assez belle, la pluie est revenue aujourd'hui, mais le temps est plus doux.
Papa est resté avec nous, après le déjeuner ce bon père a fait un petit cours d'archéologie à mes fillettes. maintenant nous travaillons dans la chambre de maman, et tout en t'écrivant, j'entends les petits bavardages. Voilà Emilie qui va expliquer à Cécile14 les antiquités de la tour...
Adieu, Ami chéri, je t'embrasse du fond de mon cœur, ne te fatigue pas trop, pense à nous et que Dieu nous protège
Ta Nie
Notes
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D’après l’original
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