1810 |

1810-04

André Marie Constant Duméril

Lundi 1er octobre 1810

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à ses parents François Jean Charles Duméril et Rosalie Duval (Amiens)

Lundi 1<sup>er</sup> octobre 1810

Lundi 1<sup>er</sup> octobre 1810

Lundi 1<sup>er</sup> octobre 1810

N° 202

Paris le 1er 8bre 1810

Mes chers Parents - Nous profitons de l'occasion que nous fournit le cousin Despréaulx pour vous remercier du bel et bon cadeau que vous nous avez fait et auquel nous sommes on ne peut plus sensibles. je dis nous profitons quoique je sois seul à écrire ma femme1 en ayant eu d'abord l'intention et se voyant maintenant dans l'impossibilité de le faire aujourd'hui à cause de diverses occupations qui se sont succédées sans interruption. le ballot est arrivé parfaitement conditionné et ce linge s'est trouvé beaucoup plus beau et beaucoup plus blanc que nous ne l'espérions. nous écrirons à ma tante Basilice2 pour lui témoigner notre gratitude.

M. Despréaux est chargé d'une commission pour Reine3, elle n'a pas été remplie suivant nos intentions mais nous avons craint de la faire trop attendre en exigeant une troisième façon.

j'ai reçu hier de bonnes nouvelles d'Auguste4 quant à sa santé et à celle de sa femme. mais il est surchargé de besogne et il me charge de l'excuser de son silence auprès de vous. il se plaint de n'avoir pas encore reçu de fonds. cependant j'ai su aujourd'hui qu'il lui en avait été fait. demain on doit me donner les époques, peut-être cela tient-il à quelque manigance du payeur à Flessingue5 et sera-t-il nécessaire de charger de nouveau MM. Delessert de ses recettes ici.

Le cousin qui a déjeuné avec nous vous dira combien nos enfants6 prospèrent et il vous donnera sur leur manière d'être quelques détails qui peut-être vous paraîtraient suspects dans la bouche de leur père. nous en sommes glorieux pour tout ce qui tient au développement physique et moral et cependant nous faisons tout ce qui dépend de nous pour ne pas les gâter.

je suis toujours un peu en froid avec Cuvier dont vous avez su que j'avais beaucoup à me plaindre à cause de ses rapports sur les ouvrages de sciences et sur les prix décennaux. cependant il a corrigé et mis quelque éloge dans son grand rapport imprimé qui vient de paraître. nous nous sommes aussi un peu revus depuis son retour d'Italie. hier nous avons dîné avec lui et en famille chez M. Lacroix7 à Charenton.

Notre Doyen8 n'est pas encore nommé. on parle de M. Hallé, lequel cependant paraît vouloir refuser. c'est une place très désagréable pour la responsabilité et les détails et qui n'a d'autre avantage que le rang et le logement. quelques personnes avaient songé à moi. mais je me suis cru trop jeune et j'ai déclaré que je ne désirais pas être nommé.

j'ai reçu avant hier une lettre du ministre de l'intérieur9 par laquelle il m'annonce qu'il m'a nommé membre de la Commission composée de cinq personnes qui doit examiner tous les remèdes secrets10. j'ai accepté pour me donner des droits à quelque place qui pourrait vaquer par la suite et que je solliciterais. car le décret du 18 août dernier ne parle pas d'émoluments et il y aura beaucoup de besogne à faire. nous avons demain la 1ère assemblée. les commissaires sont MM. Portal, Menuret11, Chaussier, Deyeux et moi.

j'ai fait des démarches pour vous. on garde le plus grand secret sur toutes ces nominations. j'ai su seulement que vous étiez porté - et qu'on avait joint à la liasse les lettres écrites dans le temps par MM. Lacépède et Dejean12. quant à la parenté il paraît qu'on n'en a pas fait une objection. au moins voilà ce que m'a répondu le beau-frère de M. Darquier, M. Delpeche13 dont je n'ai eu qu'à me louer.

nous vous embrassons bien tendrement. Alphonsine vous écrira ces jours-ci.

Votre tout dévoué

C. Duméril

P.S. Je n'ai pas encore de réponse pour M. Berlancourt.

Annexes

A Madame

Madame Duméril

Petite rue St Rémy

A Amiens

Notes

1 Alphonsine Delaroche.
2 Basilice Duval.
3 Reine Duméril, sœur d’André Marie Constant.
4 Auguste (l’aîné), frère d’AMC Duméril, marié à Alexandrine Cumont.
5 Port de la province de Zélande.
6 Caroline (l’aînée) et Louis Daniel Constant Duméril.
7 Probablement Silvestre François Lacroix, mathématicien membre de la Société Philomathique.
8 Doyen de l’Ecole de médecine.
9 Jean Pierre Montalivet, ministre de l’Intérieur depuis le 1er octobre 1809.
10 Il s’agit de prendre des précautions contre les remèdes miracles et de n’en autoriser la vente qu’après l’examen de leur composition par une commission de médecins. Les réunions se tiennent à la Pharmacie centrale des hôpitaux et hospices civils, 2 rue Notre-Dame.
11 Jean Jacques Menuret de Chambaud.
12 Jean François Aimé Dejean.
13 Le beau-frère de M. Darquier est appelé ici « Delpeche » et « Delpierre » dans une lettre suivante.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 3ème volume, p.60-63)


Pour citer ce document

André Marie Constant Duméril, «Lundi 1er octobre 1810», correspondancefamiliale [En ligne], Correspondance familiale, 1810-1819, 1810,mis à jour le : 18/06/2007

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
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