1873 |
1873-81
Marie MertzdorffMardi 30 décembre 1873
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à sa grand-mère Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller)
Paris le 30 Décembre 18731
Ma chère bonne-maman,
Pour la première fois l'année va se terminer sans que nous soyons réunis ; mais puisqu'il ne nous est pas possible de nous embrasser et de nous faire tous les souhaits comme chaque année nous n'en serons pas moins ensemble de cœur et plus d'une fois nous nous transporterons en esprit dans ce cher petit salon de Vieux-Thann où nous nous réunissions tous le premier jour de l'an.
Tu es vraiment trop gentille ma petite bonne-maman chérie de nous2 avoir envoyé ces ravissants petits portefeuilles et nous avons bien reconnu en les recevant le soin que tu prends toujours pour faire plaisir à chacun.
Mercredi dernier pendant que nous étions au cours3 oncle Auguste4 est venu et nous a apporté, non pas le sac de praline comme le faisait ton père5, mais deux très jolis petits sacs en cuir rouge pleins de délicieux bonbons. Nous avons été le voir Vendredi pour le remercier et nous l'avons trouvé très-bien. Tante Clotilde6 y avait passé quinze jours à la fin du mois dernier et oncle Auguste attentait Georges7 pour le premier Janvier.
Papa8 a reçu ta lettre qui lui a fait bien plaisir il t'en remercie beaucoup. Jean9 vient d'emporter celle de sa maman10.
Il fait un temps superbe mais assez froid. Nous sommes bien contents de revoir le soleil car depuis quelques jours il faisait fort humide et désagréable.
Hier Emilie11 a eu son catéchisme mais cela ne s'est pas passé comme d'ordinaire; on en a fait une petite fête à l'occasion de Noël.
Je ne sais si nous t'avons dit qu'elle a eu le cachet d'or il y a quinze jours. Elle a aussi de très bonnes places au cours et je crois bien qu'en ce moment elle a le prix bien qu'étant dans une division où il y a des jeunes filles de 15, 16 et 17 ans.
Je crois que tu sais déjà que notre chère petite Paule Arnould est ici. Malheureusement ce sont de bien tristes circonstances qui l'ont amenées car sans la maladie de son grand-père12 elle aurait passé l'hiver à Rheims. Nous ne l'avons encore vu qu'une fois chez elle deux jours après son arrivée et elle était si contente de nous voir et en même temps si surprise qu'elle nous a dit qu'elle ne savait que nous dire et que sa joie l'empêchait de parler.
Ma petite bonne-maman chérie, je suis bien désolée mais je n'ai rien fait pour ton nouvel an ; j'ai bien commencé une petite garniture pour la camisole que je t'ai faite mais elle ne sera terminée que pour le départ de père et encore ce n'est pas grand-chose ; enfin je compte sur ton indulgence et j'espère que la bonne intention te suffira.
Adieu, ma bonne-maman chérie, je t'embrasse bien bien fort ainsi que mon cher bon-papa13 en vous répétant tout ce que je vous souhaite pour cette nouvelle année et surtout en vous promettant de faire tous mes efforts pour ressembler à mes deux petites mères14 chéries afin que vous soyez contents de moi
ta petite fille qui t'aime beaucoup
Marie Mertzdorff
Ce pauvre oncle Léon15 que j'oubliais, je te prie de l'embrasser sur les deux joues de ma part et de lui dire que je lui souhaite une bonne année
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer ce document
Index
Compléments historiographiques
Cécile Dauphin
Centre de recherches historiques
EHESS
54 boulevard Raspail
F-75006 Paris