1857 |
1857-04
Caroline DumérilLundi 9 juillet 1857
Lettre de Caroline Duméril (Paris) à sa cousine Isabelle Latham (Le Havre)
Paris 9 Juillet 1857.
Depuis longtemps déjà je voulais t'écrire ma chère Isabelle mais te sachant en Angleterre1, je ne savais comment adresser ma lettre, maintenant que tu es de retour au Havre je me donne le plaisir de venir causer un peu avec toi. Je te dirai, d'abord, que tu es bien gentille d'avoir pensé à m'envoyer ces livres Anglais et d'y avoir joint une petite lettre qui m'a fait grand plaisir, je t'en remercie bien et j'espère que notre correspondance au lieu de diminuer ne fera que s'accroître ; quand nous sommes ensemble, nous trouvons bien toujours à causer, pourquoi ne trouverions-nous pas aussi quelque chose à nous écrire.
Quel terrible accident il est arrivé chez ton oncle Henri2 et combien on doit remercier Dieu de ce que le malheur n'a pas été plus grand ; ce pauvre petit Raoul, il paraît qu'il a été bien sage et bien patient, il a pourtant dû souffrir beaucoup. Enfin voilà ma cousine Céline avec une quatrième fille, c'est une grande famille maintenant.
Le mariage de mon amie Cécile3 a eu lieu il y a déjà un mois ; le grand jour, elle était charmante : jamais je n'ai vu une mariée ayant l'air plus heureux ; il faut dire qu'elle connaissait M. de Sacy, son mari, comme on connaît un frère et elle voyait s'ouvrir devant elle une vie de bonheur. Quoiqu'elle soit à la campagne, elle est déjà venue me faire deux fois visite et malgré son petit chapeau à plumes je ne puis me figurer qu'elle soit dame. Je lui avais fait, comme cadeau de noces, un escabeau4 en tapisserie qui était fort gentil. A propos de mariage tu as sans doute appris celui de Mlle Lugol, elle épouse un médecin, M. Broca5.
Les demoiselles Desnoyers6 sont à la campagne depuis deux mois, en leur écrivant, je me suis chargée de ta commission pour elles. La semaine prochaine je partirai avec maman7 pour Montmorency où nous passerons une quinzaine de jours chez Mme Desnoyers ; c'est un petit voyage dont je me réjouis bien comme tu le comprends, et le plaisir que j'attends me fait regretter beaucoup que cette année tu n'aies pas tes cousines car je comp sens à un haut degré le bonheur d'avoir près de soi des amies. Dimanche, Georges8 est arrivé au moment où nous ne nous y attendions pas et au premier moment je ne le reconnaissais pas, mais ensuite nous l'avons bien retrouvé malgré ses favoris et les cinq ans qui se sont écoulés depuis son dernier voyage à Paris. Il dîne ici aujourd'hui. Ma tante et Adèle9 sont à Lion-sur-mer depuis huit jours et sont très contentes de leur installation ; mon oncle ira les rejoindre le 25 et ne reviendra avec elles que le premier septembre ; depuis le départ de ma tante nous sommes venus prendre sa place chez bon-papa10 comme les années précédentes, de sorte que la maison ne reste pas vide.
Je te dirai que chaque fois que je mets la broche que tu m'as donnée et ce que je fais très souvent puisque c'est un souvenir de toi, chacun m'en fait compliment ; comme je te le disais elle n'a qu'un défaut, c'est d'être trop jolie.
Adieu ma chère Isabelle, sois l'interprète de mes sentiments de respect et d'affection auprès de ton bon père11, rappelle-moi au souvenir de Mlle Pilet12, embrasse bien Lionel13 pour moi, et reçois pour toi même, avec deux bons baisers l'assurance de ma sincère amitié
ta cousine et amie
Caroline
Maman t'envoie ses amitiés et te prie ne pas l'oublier auprès de M. Latham et de Mlle Pilet.
Embrasse bien Mathilde14 de ma part.
Notes
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D’après l’original
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