1863 |
1863-11
Félicité Duméril (épouse Duméril)Mercredi 8 juillet 1863
Lettre de Félicité Duméril (Vieux-Thann) à Eugénie Desnoyers, amie de sa fille décédée (Montmorency)
Vieux Thann 8 Juillet 1863
Merci, bien merci, ma douce enfant, pour ta lettre qui m'est arrivée hier. Je t'attendais à l'anniversaire du jour de douleur éternelle1. Dans la souffrance, dans le déchirement de mon cœur, il n'y a que toi, si intimement liée à ma bien aimée, qui puisse m'apporter quelque soulagement. Tes paroles, je les recueille comme si elles me venaient d'elle, aussi il me semble que le jour où je pourrais voir nos chères petites2 dans tes bras, dans ceux de ton excellente mère3, de la tendre et dévouée Aglaé4, ce jour-là je respirerai plus librement. Cette vive et profonde blessure qui est dans mon cœur durera autant que ma vie, mais c'est à toi qu'il est réservé d'y apporter un baume doux et salutaire. Combien tu es bonne de me tenir si bien au courant de tout ce que vous faites, je puis vous suivre et vous voir le Dimanche réunis en famille. Comme toi, ma chère enfant, je remplis sans cesse mon temps ; sans le travail que deviendrait-on sur cette terre ? Dis à ton bon père5 de se soigner et de le faire pour sa famille et ses amis. Cet air de Montmorency est un si bon air, je voudrais que tous vous puissiez le respirer le plus possible. M. Edgar Zaepffel est à Vichy dans ce moment, il y est à cause de maux d'estomac dont il souffrait beaucoup : de grandes peines sont survenues aussi dans sa famille ; depuis un an il a perdu un frère excellent laissant quatre enfants, et une nièce charmante âgée de dix-sept ans6. Madame Edgar Zaepffel7 est toujours bonne et aimable, elle attend son beau-frère et sa belle- sœur M. et Mme de Rheinwald8 avec leur nièce9. Madame de Rheinwald est une femme d'un vrai mérite qui porte une sincère affection à nos chères petites. Demain Jeudi Charles10 les aura à dîner chez lui avec sa famille et moi je partirai Vendredi dans la matinée pour aller rejoindre pour quelques jours mon bon mari et Léon11. Je laisse ici nos chères petites en de bonnes mains et parfaitement entourées. Miky me rappelle sa tendre mère par la mémoire, l'intelligence, le désir de faire des petites surprises agréables, la petite Emilie n'est pas jolie mais elle a une tournure charmante et fait bien des progrès en toutes choses. D'après le désir de Charles, les cheveux des chères petites ont été coupés, elles sont à présent à la titus et s'en trouvent bien pour le temps de chaleur que nous avons. Je t'envoie deux petites mèches de leurs cheveux que tu ne peux manquer de recevoir avec plaisir. Je ne puis assez te dire, ma chère enfant, ce qu'est Adèle12 à notre égard, mon cœur est plein en pensant à elle, à son dévouement, à sa tendresse pour nous. Ma bonne mère13 va bien mais je regrette toujours qu'elle ne puisse se décider à prendre la plume pour m'envoyer quelques lignes.
Adieu ma douce enfant que j'aime tant, embrasse bien fort pour moi ton excellente mère et Aglaé. Nos souvenirs affectueux à ton bon père, M. Alphonse14 et Julien15.
F. Duméril
Notre bonne Cécile16 sachant que je t'écris me prie de la rappeler à ton souvenir, elle est du nombre de ceux qui connaissent ton mérite et le confondent avec celui de notre bien aimée.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer ce document
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Compléments historiographiques
Cécile Dauphin
Centre de recherches historiques
EHESS
54 boulevard Raspail
F-75006 Paris