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1870-162
Jeanne Target (épouse Desnoyers) et Jules DesnoyersJeudi 29 décembre 1870
Lettre de Jules Desnoyers, avec quelques mots de son épouse Jeanne Target (Paris) à leur fille Eugénie, épouse de Charles Mertzdorff, qu’ils croient à Bâle
Paris, 29 décembre 1870
Ma chère Eugénie
Quoique toujours incertains que nos lettres vous parviennent nous ne voulons pas laisser finir cette triste année sans vous redire combien nous pensons à vous et combien nous sommes tourmentés d'être depuis plus de quatre longs mois privés de vos nouvelles et combien nous payerions cher quelques mots de vous, apportés sous l'aile de ces braves pigeons qui ont déjà rassuré tant de familles.
où êtes-vous tous quatre1 ? qu'êtes-vous devenus depuis votre pénible départ nous vous écrivons tantôt à Bâle, tantôt à Vieux-Thann et nous ne savons si vous avez reçu une seule de nos 20 ou 30 lettres. Nous ne savons si vous avez appris par nos lettres la mort de M. Auguste2 et si vous avez pu l'annoncer à ses deux < > de son côté cette pauvre Mme Auguste3 est dans la même incertitude et sa fille4 n'a pas le moindre signe de vie de son mari. Les santés sont bonnes et si cette lettre te parvient vous pouvez le dire < > quant à nous nous continuons tous de nous bien porter : Ta bonne mère5 avec son courage et sa prévoyance <est positivement> infatigable. Ta sœur6 avec le même dévouement pour les deux ambulances (jardin et Sorbonne) auxquelles elle donne ses soins. Julien7 toujours bien portant et entrain au même fort. toujours <> <qu'on redoute> pour les sorties et même nous vient autant que possible tous les 15 jours. Alfred8 parti ce matin avec la compagnie de <mobiles> dont il fait partie ainsi que Jean9. Il est parti pour 4 jours, plein de courage. Alphonse10 avec la compagnie d'éclaireurs dont il est depuis 15 jours, passe deux fois par semaine 24 heures du côté de Saint Cloud ou de Passy. Il n'est point trop fatigué et fait en même temps son cours. Jusqu'ici les santés de toute notre maisonnée sont pareillement bonnes. On a toujours courage confiance et espoir. Le bombardement des forts est commencé depuis 2 jours du côté de l'Est mais nous sommes sans inquiétudes tant nous sommes bien <montés>. Malgré les réquisitions nécessaires pour faire durer l'entretien des 2 millions de parisiens, on se soutient encore bien, grâce à la modération et à la prévoyance mais les pauvres pour lesquels la ville le gouvernement et les plus aisés font tant, souffriraient bien sans ces secours. Nous sommes sans nouvelles de nos armées de secours. Nous attendons nous espérons et nous comptons surtout sur notre patience, notre persévérance et les courage de nos braves défenseurs.
Nous avons eu des nouvelles par M. Lafisse de sa femme11 et de Mme pr12 qui sont bien portantes à <Rouen> ; <ainsi que> de Marie B13 et de sa belle-sœur14 qui étaient à Tours depuis plusieurs mois. M. <B15> < > <dans les Vosges> sans avoir pu donner de ses nouvelles
Le <désir> que ce mot vous parvienne m'empêche de vous donner aucune autres nouvelles ; qui d'ailleurs sont toutes bonnes. Nous vous embrassons comme nous vous aimons, et nous espérons que l'année qui va bientôt commencer nous rendra ce bonheur de famille dont nous sommes privés par votre silence et nos inquiétudes. nous n'osons point penser aux réquisitions de la Guerre sur vos fabriques. Bien que les fautes soient <énormes>, Dieu aidera pour le reste avec < > de ton excellent mari. <adieu> < > ma bien chère Eugénie ta bonne mère, ta sœur, ton frère et moi ne faisons qu'un pour t'assurer de notre bien tendre affection. Ton père tout dévoué
J.D.
Toutes nos affections à nos amis Duméril16 et Georges17.
Notre dernière lettre vous a été adressée à Bâle vers la fin de la semaine dernière, la précédente par ta bonne mère, l'avait été à Thann.
On ne sait pas du reste où Alfred a été envoyé ce matin.
Le froid si vif des jours passés a un peu diminué. Ce qui serait bien désirable <> ! et vous combien vous pourrez en souffrir au milieu <> froide <saison>
Ma chérie bien que ton bon père l'écrive en notre nom commun, je veux te dire mes tendresses et les vœux de ta mère pour vous tous mes chers enfants. Mère amie AD.
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Notes
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D’après l’original
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Cécile Dauphin
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