1871 |
1871-005
Félicité Duméril (épouse Duméril)Mercredi 1er février 1871 (A)Lettre de Félicité Duméril (Morschwiller) à sa sœur Eugénie Duméril après la mort de son époux Auguste Duméril (Paris)
Lettre de Félicité Duméril.
Mercredi 1er Février 1871.
Ma bien chère Eugénie,
Enfin, je puis venir te trouver, te parler du grand malheur qui nous frappe tous, par la mort de ton excellent mari1. Ce cas affreux était prévu, mais il n’en a pas été moins poignant, moins douloureux, pauvre Eugénie ! pauvre Adèle2 ! nous mêlons nos larmes aux vôtres. Auguste a aujourd’hui, dans le ciel, la récompense de sa belle vie : ce sont ceux qui restent, qui sont à plaindre.
A peine ce coup terrible venait-il ne nous frapper, quand les plus grandes agitations, les plus grandes inquiétudes s’emparaient de notre cœur, par le bombardement, et tous les cruels détails, concernant Paris ; puis nous est arrivée la douloureuse nouvelle de la mort de ce pauvre Julien3, que nous aimions tant. Pauvre jeune homme ! lui aussi est au Ciel, mais ses pauvres parents4 resteront dans la douleur, jusqu’au dernier jour de leur vie. Léon5 nous a quittés : il a voulu aussi partager les dangers : c’est te dire toutes les angoisses que nous avons dans le cœur ; mais enfin, grâce à Dieu, nous avons de ses nouvelles, qui sont bonnes.
Sans cesse je vous vois tous, par la pensée, toi, mon frère6, ses enfants, Adèle, et les trois chers petits7 : comment allez-vous tous ? De grâce, une lettre de votre écriture, que nous sommes si impatients de recevoir. Je laisse la plume à Constant8, après vous avoir tous embrassés, autant que nous vous aimons.
F. Duméril.
Ici9, et à Vieux-Thann10, les santés sont bonnes, malgré tant de tourments et d’agitations.
Notes
Notice bibliographique
D’après le livre de copies : Lettres de Monsieur Auguste Duméril 2me volume (pages 659-660)
Pour citer ce document
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Compléments historiographiques
Cécile Dauphin
Centre de recherches historiques
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