1871 |
1871-036
Eugénie Desnoyers (épouse Mertzdorff)Mercredi 21 et jeudi 22 juin 1871
Lettre d’Eugénie Desnoyers (Paris) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris Mercredi soir1
Mon cher Charles,
Tu dois être rentré à la maison bien fatigué, j'espère que tu as fait bon voyage et que tu vas passer une bonne nuit. C'est le souhait de ta Nie qui, avant de se coucher, vient t'embrasser. Emilie2 dort ; nous sommes venues avec maman3 et Cécile4 par le train de 2h, toute la matinée il pleuvait, nous avons dîné chez M. Edwards5, Marie6 s'est bien amusée, l'oncle Alphonse7 l'a taquinée aimablement comme il savait si bien le faire avec l'oncle Julien8...
Ma grande chérie est restée chez tante Aglaé9 j'ai pris Emilie avec moi à cause de sa tendance au mal de gorge. Maman est bien ainsi que ceux que tu lui as laissés et qui t'embrassent bien fort.
Jeudi midi.
Mon cher Charles, tout ton petit monde va bien. La matinée s'est passée à St Médard à assister à la première communion, la tante Agla s'était procurée, comme on dit, des billets, pour mener ses petites nièces sans qu'elle se trouve dans la foule. Nous avons toutes été émues de nous retrouver dans cette église si remplie de souvenirs... Je me retrouvais à même cérémonie qu'au jour de notre première communion à Caroline10 et à moi, qu'à celle de notre Julien... notre mariage... Comme le temps passe et combien j'ai pensé à toi.
Hier Agla avait mené nos fillettes habiller complètement 2 petites filles pauvres. Après déjeuner elle vient de les prendre avec elle pour aller jouer avec Jean11 jusqu'au moment où j'irai les prendre.
Maman m'attend pour chercher dans les livres de notre Julien ce qui peut me servir pour Marie, puis nous irons chez Mme Duméril12, puis nous tâcherons de faire quelques courses utiles en regagnant le chemin de fer.
M. de Quatrefages vient de monter et il s'informait fort gracieusement auprès de papa13 de ce que ferait M. Mertzdorff14, c'est je pense en songeant à sa nièce qui dit-on, va à Épinal.
Mardi soir, en te quittant Marie avait le cœur bien gros, elle a encore pleuré en wagon, mais à Montmorency, elle a repris sa petite mine et elle m'a bien recommandé ainsi que sa petite sœur, de bien t'embrasser et de te dire qu'elles t'écriraient très prochainement.
Comment as-tu trouvé toutes choses ? Te voici de nouveau avec le collier de misère et ne puis le partager que par la pensée, ne te fatigue pas trop ; écris-nous et crois-moi toujours
Ta Nie
Bien des choses à tous de notre part.
on m'attend.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer ce document
Index
Compléments historiographiques
Cécile Dauphin
Centre de recherches historiques
EHESS
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F-75006 Paris