1793 |
1793-19
André Marie Constant DumérilDimanche 8 décembre 1793, 18 frimaire an II
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)
N° 58
Rouen du Octodi 18 frimaire, de l'an second de la république1
Maman,
Après bien de la peine j'ai obtenu, enfin, le certificat d'exhibition de titres de la municipalité. Je vous en donne copie.
Nous, membres du conseil général de la commune de Rouen, certifions : que le citoyen Duméril (André, Marie, Constant) âgé de 19 ans, demeurant à Rouen, département de la Seine Inférieure, a suivi des cours de chimie, à Amiens, en 1789, 1790, 17912 ; qu'il a suivi dans la saison commune des cours de botanique, et qu'il a remporté un prix3. Qu'il a suivi à Rouen un cours d'accouchement et maladies en 17934 ; les cours de botanique en 1791 et 1792, qu'il a en 1792, remporté le 1er prix de botanique5, qu'il nous a représenté un certificat d'exercice en qualité d'élève en chirurgie, à l'hospice d'humanité de Rouen ; qu'il y a suivi les cours d'anatomie et de chirurgie depuis un an. Pourquoi et sur le vu des pièces avons accordé au dit Duméril, le présent certificat pour lui valoir, servir de ce que de raison etc. Visé au district et au département.
A présent nanti de cette pièce, je dois la faire passer au ministre de la guerre6. J'y joindrai des travaux d'anatomie, qui sont mon ouvrage.
Mais voilà mon embarras ; d'un côté, si je la fais passer je cours le risque, ou d'être placé dans une ambulance fort éloignée, ou de recevoir une commission ce printemps pour aller faire une course en Angleterre. De l'autre s'il prend envie à mon capitaine de s'informer si je suis en règle, qu'il apprenne que je n'ai point satisfait au Décret avec le bataillon, voilà mon cas exposé que ferais-je ? Dictez-moi le parti que j'ai à prendre, d'ici à votre réponse, je ne ferai rien. La nouvelle dont vous me faites part dans votre dernière, m’a considérablement réjoui. S'il a le bonheur de revenir à Amiens, apprenez moi le aussitôt.
On lève ici de nouveaux bataillons pour la Vendée7. Ces gens là font remuer bien du monde. Depuis huit jours on n'en sonne mot, on ignore même quel coin ils habitent. Je commence à devenir fort en anatomie, mais dame il faut travailler ! quand je retournerai à Amiens je serais en état de raisonner sciences ; mais aussi quel temps j'y passe ! en vérité j'en suis honteux je ne sors pas du laboratoire, ce qui me fait bien de la peine par rapport à Madame Thillaye. Mais enfin je me suis fait violence il faut que je fasse mon état peut-être n'aurais-je jamais la même facilité de m'instruire. Si j'étais employé, et que la guerre dure 5 ans encore, je serais bien emplâtré ; l'âge d'apprendre aurait fui, et je serais toujours le même. C'est-à-dire bien ignorant.
Je vous embrasse ainsi que Papa8
Votre fils Soumis Constant Duméril
P.S. Vous trouverez une lettre pour le petit Dejean9 faites-la mettre à la poste, je vous prie.
Notes
Notice bibliographique
D’après le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 1er volume, p. 126-128
Pour citer ce document
Index
Compléments historiographiques
Cécile Dauphin
Centre de recherches historiques
EHESS
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