1864 |
1864-38
Eugénie Desnoyers (épouse Mertzdorff)Mercredi 19 octobre 1864
Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Morschwiller) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)
Morschwiller 19 octobre 64
Six mois, ma petite Gla, se sont écoulés depuis que je t’ai embrassée. C’est bien long, mais tu sais que mon amitié pour toi n’a rien perdu de sa force et que tu es toujours la sœur chérie, la meilleure amie de ta Nie.
Nous sommes à Morschwiller depuis Lundi <dernier> ; nous devions repartir Vendredi soir, mais Mme Duméril1 paraît tant désirer nous conserver encore que je crois que nous ne pourrons pas lui refuser de rester jusqu’à Lundi matin, et cependant Charles2 aime tant son chez lui qu’il a hâte de rentrer ; il craint toujours pour nous trois3 la fatigue, le froid && Nous sommes un peu enrhumées mais ce n’est rien. Tu me demandes des détails sur ma santé ? Depuis une dizaine de jours je suis tout à fait remise, les malaises dont je vous ai parlé ont tout à fait disparu et j’ai repris mon activité, ainsi que maman4 ne se tourmente pas ; je vais tâcher de ne pas me fatiguer ces jours-ci parce que j’attends certaine chose.
Vous ne direz pas que je ne vous tiens pas au courant de tout.
Ta lettre m’a fait bien plaisir mais j’en attends une plus longue et prochainement.
Pour les chapeaux des enfants ce que tu feras sera bien ; tu sais nous aimons le gentil, le comme il faut et le pas trop voyant.
Pour le mien fais-le arranger bien car tu sais que le toujours5 c’est le plus important, car c’est comme cela que vous voient ceux auxquels on tient le plus à plaire !
Je t’ai parlé de mon intention de garnir les manteaux gris des petites avec de la fourrure, qu’en penses-tu ? me conseillerais-tu d’employer le manchon et la palatine de Caroline6 en les faisant couper ou d’acheter de l’astrakan, je crois que Charles préfèrerait ce dernier arrangement.
Tu me ferais plaisir de joindre à la caisse : 1° 1 paire de brodequins de feutre bonne qualité, pas cloués et à élastiques avec talons. 2° puis ce que tu voudras pour garnir mon jupon rayé qui avait une bande d’alpaga blanc. 3° Une petite cravate noire.
Voudrais-tu commander 1 paire de brodequins cuir chevreau avec petits bouts vernis, talons et élastiques afin que les trouve faits si nous allons. Je ne sais en vérité ce que nous ferons.
Les affaires, en général, ont bien à souffrir en ce moment, et on <aime> bien que Charles soit ici quoique la besogne ne soit pas abondante. Ce sont les petits fabricants qui sont à plaindre dans ces moments de crises.
Hier nous sommes allés à Mulhouse avec la perspective de voir l’empereur de Russie7 et sa chère épouse, mais le train à 5 h n’était pas encore signalé et nous sommes rentrés à Morschwiller n’ayant vu que les badauds se dirigeant vers leurs majestés impériales, j’ignore si elles sont arrivées. Léon8 est rentré à 8 h n’ayant rien vu !
Les Duméril sont toujours on ne peut mieux pour moi, ils me chargent de mille amitiés pour maman et toi, si tu n’as pas l’intention d’écrire pour les photographies, écris-moi un bon passage que je puisse lire parce que je ne lis jamais rien de vos lettres. As-tu revu Adèle9, fais-lui bien des amitiés. Et mon Julien10 nous ne m’en dites rien ?
On est en pleines vendanges. Demain nous ferons des visites avec un nez d’enrhumée ! le temps est fort doux.
Je voudrais <drap> noir pour faire des pantalons aux enfants, du bon marine ou du gris, ce que tu jugeras le mieux. 2 mètres nous les faisons en <entier> noirs.
J’embrasse maman bien fort et toi et papa et les 2 frères11, <te faisant la commissionnaire>
Tu permets qu’Alphonse12 soit <compris> j’espère.
Eug.
Comment va Amélie13 ?
Et la famille ? les petites < >
Et au jardin ?
Et Mlle Baudement ?
Et tes belles sœurs14 ? fais-leur mes amitiés.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
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