1873 |
1873-57
Félicité Duméril (épouse Duméril)Samedi 25 octobre 1873
Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Vieux-Thann)
Morschwiller 25 8bre 1873.
Chère bien chère Aglaé,
Il y a déjà près d’un mois que nous avons vu s’éloigner notre chère et bien-aimée famille que nous suivons sans cesse par la pensée dans ses diverses occupations. Les lettres de nos chères petites1 sont lues et relues, le bon père2 qui est si heureux de les recevoir, nous les envoie pour qui nous puissions en jouir à notre tour.
Grâce à Dieu, vous allez tous bien, cependant notre petite Emilie est prise de temps en temps par des douleurs dans le bras droit, auxquelles la pauvre petite était déjà sujette ici, je lui avais tricoté une manche de laine, mais Charles a pensé que ce serait trop épais, embrasse bien pour moi cette bonne petite ainsi que sa grande sœur qui commence à entrer dans la vie sérieuse, tout en conservant auprès de toi, ma chère Aglaé, la fraîcheur et les dispositions heureuses du jeune âge ; les personnes vieilles, malgré leur bon vouloir, ont de la peine souvent à donner à la jeunesse cette douce et aimable gaîté si nécessaire au développement physique et moral. J’ai reçu une bien bonne lettre de ta chère sœur Louise3, je lui ai répondu quelques jours après, mais ne connaissant pas son adresse actuelle, j’ai adressé ma lettre chez M. Milne-Edwards4. Tu auras su par Madame Pavet5 mon intention d’aller faire le mois prochain une petite visite aux chers habitants de Besançon6, je viens de l’annoncer à ma sœur7 et voici ce qu’elle m’écrit en réponse :
« Je ne saurais t’exprimer la joie que vient de nous causer ta bonne lettre nous annonçant le projet de ta prochaine venue à Besançon. Nous lisons avec grand intérêt les détails concernant la chère famille Mertzdorff et le ménage Edwards8 si bien doué à qui nous devons tant de reconnaissance, fais-toi je te prie notre interprète auprès de chacun d’eux. »
Tu auras su par Charles l’indécision où se trouve Nanette9 dans ce moment, elle est demandée par ses enfants qui habitent l’Algérie, elle ne sait pas que faire, cependant je crois que pour plus d’une raison elle aimerait mieux rester à Vieux-Thann. Nanette par son âge est un <porte respect> dans une maison d’où les maîtres sont absents, puis son économie jointe à son talent de cuisinière la rend précieuse à Vieux-Thann. On est tranquille en la sachant là.
Chaque fois que nous avons eu le plaisir de nous trouver avec Charles, j’ai remercié Dieu de sa bonne santé, de son courage et de sa résignation, il est parti ce matin pour Haarlem et vous le verrez sous peu à Paris, Léon10 est dans ce moment sur la route de Senones où il passera la journée de demain.
Adieu bien chère Aglaé, je t’embrasse bien fort ainsi que les chéries et ta bonne mère11, souvenirs affectueux autour de toi.
Félicité Duméril
Ai-je besoin de dire que sans cesse sont présentes à mon esprit mes trois filles chéries : Caroline, Eugénie12 et Aglaé.
Dis je te pris à Cécile13 que je l’ai bien plainte en apprenant la mort de son père.
Notes
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D’après l’original
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