1868 |

1868-10

Charles Mertzdorff

Mercredi 22 juillet 1868 (B)

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie (Villers-sur-mer)

Mercredi 22 juillet 1868 (B)

Mercredi 22 juillet 1868 (B)

Vieux Thann le 22 Juillet 68

Chère Mimi

Comme je l’ai écrit à ta Maman1 j’étais à Morschwiller où j’ai couché.

Je n’étais pas à la maison lorsque ta bonne petite lettre est entrée au bureau. Mais elle a trouvé l’Oncle Georges2 qui a eu la bonne idée de me l’adresser à la bourse de Mulhouse par Monsieur Zimmermann.

Elle était la bienvenue, je l’ai lue avec bien du plaisir & comme bon-papa3 était avec moi à la bourse, lui aussi l’a lue avec plaisir & maintenant il racontera à bonne-maman4 & Oncle Léon5 tout ce que vous avez fait depuis mon départ.

Je vous approuve bien fort de vous amuser au bord de la mer ; mais ce qui m’étonne <c’est> que ma petite Mie, que tu connais bien comme moi, tu sais que c’est un gros pataud6, une maladroite & par-dessus tout une peureuse de tout. Je dis donc que ma petite Mie apprend à nager & sait faire la planche de se tenir toute seule sur la vague, cela nous surprend tous & le papa plus que tous les autres.

Ce que c’est que les voyages ! te voila bientôt comme tout le monde, courageuse à savoir coucher seule dans une chambre comme à Bourguignolles7.

Puisque vous vous amusez ainsi toutes ensemble, que l’Oncle Alphonse8 va se mettre de la partie de pêche & de natation ; il m’est bien permis de m’amuser aussi. J’étais donc à Morschwiller où je suis arrivé un peu avant le souper. J’ai raconté à bonne-maman tout ce que nous avons fait.

J’espère qu’elle verra bien dans ton journal si je lui ai tout dit.

Après un bon souper nous 3 Messieurs9 sommes allés nous promener, faire visite à M. & Mme Tachard10.

Nous avons trouvé les enfants couchés11 mais les parents ont été très aimables. Nous avons bu un verre de bière devant la maison & avons si bien causé politique qu’il était minuit lorsque nous sommes rentrés ; mais un peu attrapés de trouver bonne-maman encore debout à nous attendre. Quoique nous nous soyons couchés tard nous nous sommes tous levés à 6 h du matin.

Pour ta maman, je ne me suis pas trop amusé ; Tu sais après que l’après midi j’étais à Mulhouse & suis rentré pas trop trop fatigué.

Thérèse12 m’a fait un excellent petit souper ; j’ai fait après une visite au jardin que je n’avais pas encore vu que de la fenêtre. Je l’ai trouvé très gentil, bien plus joli que votre plage de sable gris & votre mer sale.

J’ai admiré votre jardin où rien ne souffre, il y a beaucoup de fleurs & pas mal de légumes.

Vous avez certainement mes Demoiselles un talent tout particulier de savoir de si loin si bien soigner votre jardin.

Maintenant je te quitte pour écrire aussi à ta petite sœur13 en t’embrassant comme je t’aime

J’ai adressé quelques journaux à la petite Maman, veut-elle son journal de Mode, la revue14 ?

Notes

1 Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff.
2 Georges Heuchel.
3 Louis Daniel Constant Duméril.
4 Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
5 Léon Duméril, fils des précédents.
6 Charles Mertzdorff écrit : « patot ».
7 Le château de Bourguignolles en Normandie est la propriété de Paul Louis Target.
8 Alphonse Milne-Edwards.
9 Charles Mertzdorff, Louis Daniel Constant et Léon Duméril.
10 Albert Tachard et son épouse Wilhelmine Grunelius.
11. Marie (née en 1861), André Pierre (né en 1863) et Adèle (née en 1864).
12 Thérèse, cuisinière chez les Mertzdorff.
13 Emilie Mertzdorff.
14 Possiblement le Journal des dames et des demoiselles, qui prend, mais plus tardivement, le titre de Revue de la mode. Gazette de la famille.

Notice bibliographique

D’après l’original


Pour citer ce document

Charles Mertzdorff, «Mercredi 22 juillet 1868 (B)», correspondancefamiliale [En ligne], Correspondance familiale, 1860-1869, 1868,mis à jour le : 24/01/2013

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
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