1874 |
1874-71
Marie MertzdorffMardi 27 octobre 1874
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris ce 27 Octobre 1874.
Mon petit père chéri,
Vite avant l’heure de la poste que je vienne te dire un petit bonjour. Comment vas-tu ? Il me semble que voilà plusieurs jours que nous n’avons de tes nouvelles. Les nôtres sont excellentes, ce pauvre oncle1 seul est bien enrhumé depuis hier ; heureusement qu’il n’a pas encore son cours.
Nous n’avons rien fait de remarquable depuis que je t’ai écrit. Hier Lundi nous avons eu ensemble Mlles Poggi et Bosvy2. Puis on nous a conduites chez tante Louise3 où tante4 est venue nous reprendre. Nous sommes alors partis pour Ivry au cimetière d’oncle Julien5 où nous n’avions pas encore été et où nous désirions beaucoup aller.
Il faisait un temps splendide aussi avons-nous fait à pied une grande partie du chemin. c’était la fête à la barrière [blanche] aussi je t’assure que nous avons vu en passant bien des choses [fort drôles : force] chevaux de bois, théâtres, femme géante [enfant] remarquable & cela [n’en finissait] pas il y avait un monde fou et l’omnibus avait peine à passer cela m’a rappelé mais en bien bien plus grand et plus beau notre [Vieux-] Thann. Nous sommes rentrés par l’omnibus et nous avons encore un peu travaillé. Aujourd’hui encore temps [couvert] et très chaud. A [ ]h j’ai eu Mlle Duponchel6 [puis] après le déjeuner nous sommes parties en omnibus chez le dentiste7 où nous devons aller depuis bien longtemps. ’en>
Nous y avons attendu indéfiniment. Il nous a réarrangé à chacune une dent déjà [aurifiée] mais sans nous faire de mal il trouve que nos dents sont bien. La pauvre Fourni8 était bien malheureuse [ ] en attendant car elle ne savait plus comment contenir ses nombreux fous rires elle se mouchait [ ] et cependant je t’assure que cela se voyait bien tout de [même].
Ces rires, que tante et moi [avons dominé à] grand’peine à ne pas imiter, étaient excités par [des mimiques] des plus comiques, fort distingués, fort polis (car il [ ]) mais on voyait bien qu’ils arrivaient de loin. Nous sommes revenues à pied jusqu’ici en faisant [un tas] de petites courses [entre autres] acheter un jambon chez la mère Bouteux pour [demain] [ ] ce qui nous réjouissait fort, malheureusement nous n’avons vu que son chapeau car elle discutait dans un petit coin avec un M. sur un procès qu’elle voulait faire je ne sais à propos de quoi. En rentrant nous avons goûté puis Jeanne B.9 est arrivée, puis Mme Vaillant10 avec ses petits enfants qui sont ravissants. Enfin voilà tout le monde parti ; Emilie étudie son piano tante et bonne-maman11 sont dans le petit salon. Je viens d’écrire un mot à Marie Flandrin pour lui demander de venir Jeudi. Nous n’avons pas encore vu Paulette12.
Il ne me reste absolument rien à te dire mon petit papa chéri si ce n’est que je t’aime énormément et que je voudrais t’embrasser pour de bon. En attendant je charge cette petite lettre d’autant de baisers qu’elle en pourra porter.
Ta fille
Marie
Emilie t’embrasse bien fort
Notes
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D’après l’original
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