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1868-40
Charles MertzdorffMardi 11 août 1868
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (quittant Villers-sur-mer pour Paris)
Mardi1 Soir 10 h.
Ma chère Nie
Quoiqu’il soit déjà tard ; je ne veux pas que tu arrives à Paris sans y trouver de mes nouvelles. L’oncle2 est toujours couché sans toutefois trop souffrir ; j’irai demain à Mulhouse, je ne saurais donc t’écrire.
Pas un seul petit fait intéressant à te signaler d’ici, si ce n’est que j’ai reçu la lettre de Mimi3 qui comme toutes vos lettres m’a fait le plus grand plaisir. Je ne sais si vous avez été à Cabourg comme vous le projetiez mais pour moi c’est comme si vous y aviez été & ai cru vous suivre dans votre promenade. Comme je suis plus avec vous que vous ne pensez ; lorsque je suis seul & c’est souvent, je me porte en pensée à la mer.
J’ai fait faire le calque de l’école & vais te l’adresser par ma prochaine. tu pourras le faire voir à plus compétents que nous quoiqu’un peu < > ou être <fini>.
Je continue à faire faire des essais par Charles Wallenburger. Rien de bien fameux n’est sorti !
Je n’ai vu personne aujourd’hui & ai passé 2 heures dans mon laboratoire.
Décidément nous ne pouvons avoir de la pluie, lorsqu’il tombe quelques gouttes comme encore aujourd’hui le vent enlève tout. La vigne & tout a si soif que cela fait peine à voir.
Cependant notre jardin n’est pas trop mal. le jardinier4 fait déjà ses boutures ! cela sent l’automne. aussi aujourd’hui ai-je soupé au gaz pour la 1ère fois.
En fait de Jardin, bientôt notre kiosque sera inhabitable ; la toiture est démolie par des martres, je suppose & l’intérieur par une nuée de guêpes qui ont élu leur domicile entre la paille & l’écorce. Je vais y faire pendre des bouteilles avec du <sucre> pour détruire les mouches si toutefois je réussi. Quant aux Martres nous en avons considérablement dans toute la fabrique sans pouvoir en prendre. J’aimerais bien pouvoir en envoyer au jardin. J’en ai rencontré 2 près de la serre l’un de ces derniers soirs. Ce sont de très jolies bêtes presque comme des chats.
Hier je me suis décidé à tuer un chat (depuis la salle à manger) qui venait régulièrement dévaliser notre garde-manger.
Ma tante5 dit qu’elle a fait écrire à la femme de chambre6. Je n’ai encore rien vu paraître, les malles sont chez la tante. Par contre l’on frotte & frottera encore longtemps. Petite Thérèse & Jean7.
Si nous manquons de provisions cet hiver, nous serons bien gourmands car Thérèse8 conserve & cuit tout ce qui lui tombe dans sa cuisine. hier & aujourd’hui j’ai vu que c’était le tour du concombre.
Les fruits abondent, malheureusement je n’en profite pas, car je n’ai pas goûté au fruit. Mon fromage & mon café & c’est tout.
Pourvu que vous fassiez bon voyage, la route heureusement n’est pas trop longue jusqu’à Paris.
Mais pour revenir seules ; je serais un peu inquiet & préfèrerais faire le voyage pour aller vous prendre.
Tu verras cela lorsque tu te trouveras à Paris.
Mes bains9 du matin me réussissent bien, j’aime l’Eau chaude comme tu sais, & me sens tout à fait bien ; n’en éprouvant aucune fatigue. Je n’ai pas encore douché, faute de pompe, qui est en réparation.
Sans renvoyer Himmel je suis décidé à prendre un chaudronnier dans la maison, qui fera en même temps le gaz. pauvre Thérèse c’est un mauvais début mais devant le faire, je préfère que cela se fasse avant. Un homme ne suffisant pas, Himmel trouvera encore, si non journellement mais bien souvent du travail. Je t’embrasse bien ma Nie chérie, fais-en autant à mes fillettes10 & tes parents11 dont tu me donneras des nouvelles surtout de Maman.
tout à toi
Charles Mertzdorff
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
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Cécile Dauphin
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